Le Voyage d’hiver, un sommet dans l’œuvre de Schubert, un sommet dans la littérature du Lied, un sommet de l’histoire de la musique. Cycle de vingt-quatre poèmes de Wilhem Müller, il fait suite à La Belle meunière (die schöne Müllerin) qui se termine par une prière au bord du ruisseau, où le narrateur dit au revoir au monde (Gute Nacht). Et c’est aussi par ces mots que le voyage d’hiver commence. Marche triste et lourde, placée sous le signe de la mort, c’est aussi un chemin intérieur ; mais si le sujet des poèmes est oppressant et désespéré, la musique de Schubert exprime la nostalgie avec un tel amour, une telle compassion pour l’humain souffrant, que la traversée de ce Voyage d’hiver est réconfortante, tel un sourire à travers des larmes.